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Extras din document

Table des mati(res
0. Avant-propos.
0.1. Introduction..
Chapitre I: Sous le signe de la fiction
1. La litt(rature comme m(ta-discours
2. Histoire et fiction dans La Condition humaine.
2.1. De limagination ( l(criture........
2.2. Les implications textuelles de lincipit.............
2.3. Laventure de l(criture
Chapitre II: Techniques narratives et descriptives dans La Condition humaine
1. Composition et art cin(matographique dans La Condition humaine......
1.1. Composition et narration.............
1.2. L(clairage..
1.3. La voix narrative.........
1.4. Le point de vue............
1.5. Les dialogues.
2. Du descriptif malrucien....
3. Clappique ou le personnage-objet......
4. Ponctuation et dramatisation......
5. Lart du portrait dans La Condition humaine...
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FICTION, HISTOIRE ET ICRITURE DANS LA CONDITION HUMAINE D'ANDRI MALRAUX

0. AVANT-PROPOS

Dans ce travail nous nous proposons d'étudier quelques aspects de la création malrucienne, ayant comme support son roman couronné du Prix Goncourt, La Condition humaine. Nous observerons que l' acte d'écriture suppose, chex Malraux, non une imitation du monde ou une simple présentation de sa riche expérience de vie, mais une processus complexe de filtrage.

Nous allons voir que le poids de la réalité est minime chez Andre Malraux, la réalité n'étant que le point de départ, car l'écrivain crée, B partir de lB, un monde semblable a celui réel. C'est dans cette illusion de la réalité que se manifeste le génie de Malraux, dont le chef-d'oeuvre a été qualifié de reportage.

Si Malraux ne rédige pas son roman en auteur omniscient, c'est pour laisser agir ses personnages, déplaHant le point de vue de l'un B l'autre, pour leur laisser cette liberté qui les rend si réels et humains.

L'arrLt sur l'humanisme, la fraternité ou le tragique de l'homme, comme thèmes majeurs de la création malrucienne n'aurait fait que répéter des choses familières B ses lecteurs, bien qu'il soit nécessaire de dire que, dix ans avant La Nausée, La Condition humaine est un roman métaphysique qui nous met en face de l'absurde, du désespoir, de la lucidité, de l'angoisse du destine originel.

Notre intérLt portera aussi sur les techniques que Malraux utilise dans la rédaction de son plus imaginaire roman.

0.1. INTRODUCTION

"Il reste d'un homme ce que donne B songer

son nom, et les oeuvres qui font de ce nom

un signe d'admiration, de haine ou d'indiffé-

rence"

Paul Valéry

Un nombre respectable d'études et de biographies révèlent B quel point André Malraux attire sur sa personne, et plus subtilement sur son oeuvre, un persistant malentendu.

In en est, pour une grande part, responsable, s'avanHant masqué, dissimulant son petit tas de secrets, favorisant pour la statue, les changements des s^cles. Sans doute a-t-on d'autant plus fouillé dans cette vie mouvementée que Malraux en préservait, avec un dédain mLlé d'espièglerie, le mythe et le mystère. On peut dire avec Francois Mauriac que "S'il n'a pas certes été méconnu, Malraux demeure un inconnu."

Le malentendu sur le personnage et l'interpretation disloquée de son oeuvre viennent d'une double lecture suspecte: l'image publique accapare l'aventurier romantique, l'exotisme du voyageur, le révolutionnaire ou mieux le chevalier moderne.

Sa vie n'est pas un pretexte, c'est une fin. Son oeuvre est compensatoire. Vie construite comme une oeuvre, oeuvre pantelante comme une vie sont les deux formes d'une intense organisation de soi, comme volonté d'abord et, ensuite, comme représentation.

A lire en tous sens l'oeuvre de Malraux et B considérer sa vie, on est frappé par leur incandescente unité. Si Malraux ressemblait B son oeuvre, c'est qu'il avait donné B sa vie le mLme style, tour B tour abrupte et solennel, qu'B ses livres, B moins que ce ne soit l'inverse. "Transformer en conscience une expérience aussi vaste que possible": Malraux n'a jamais cessé d'Ltre fidèle a ce conseil d'un personnage de L'Espoir, et il tire son oeuvre de sa vie.

Mais il est aussi vrai qu'il transforme en experience une conscience aussi vaste et aussi aiguN que possible: sa vie répond B son appel venu de lui-meme, et voit dans l'événement l'épreuve d'une vérité intérieure, et comme sa réalisation. Et, bien au-delB de la simple expression d'une expérience, son oeuvre nous apporte la révélation d'une personnalité qui se définit sans doute par ce qu'elle obtient de la vie.

Le monde romanesque de Malraux est un monde transfiguré. L'écrivain soulignait le principe ordonnateur de sa création: "… aussi profonde que soit la dépendance, aussi constant que soit le sceau secret de la mort, l'artiste ne les croit pas B l'avance vainqueurs de l'instant vertigineux ou l'homme les possède en leur imposant sa transfiguration."

Ses romans, ses Antimémoires, et mLme ses essais, s'ils nous parlent du monde, ne le font pas avec le souci de le reproduire fidèlement. L'esthétique de Malraux: le réel ne suffit pas. Jamais les choses, telles qu'elles sont, ne purent le satisfaire. Il lui fallait modifier, transformer le réel. Certains lui en firent grief, censeurs mesquins B qui il est difficile de faire comprendre que "plus un écrivain a du génie, plus il s'éloigne de la réalité". 1

Malraux transfigure, chez lui l'oeuvre est une sublimation de l'expérience vécue ou extrapolée. Son culte du mépris consiste a mépriser tout danger qui entre dans l'alambic: un peu plus d'expérience pour un peu plus de conscience.

La part si tragique de son existence a été systematiquement et pudiquement rejetée par lui hors de toute utilisation littéraire, au bénéfice d'une fiction qui, B bien des égards, demeurait en deHB de la réalité, mais répondait mieux B la nature mLme du propos. Malraux conquiert sa vérité. D'un c^té il rapporte l'aventure imaginaire de la fosse B chars, de l'autre il garde secretès ses douleurs, ses blessures familiales et les actions courageuses au feu. Si le monde finit par ressembler a ses livres, c'est qu'il a respecté les seules regles respectables: celles dictées par les grands mythes de l'époque de "l'humanisme héroVque".

Il s'agit d'une littérature en prise directe sur les réalités et les grandeurs de l'action, capable de révivifier des thèmes abandonnées au moins depuis le réalisme, et de les faire servir toute la puissance de l'intérLt romanesque B l'expression de l'effort moral et physique, de la confrontation de l'homme viril avec le tragique de sa condition et de son histoire, en un mot attente d'une promotion moderne du roman héroVque, inspiré non par des mythes ou des rLves, mais par la réalité vécue a l'action exceptionnelle. Une littérature qui, en mLme temps, saurait adapter les ressources du roman d'analyse B la révélation concrète des sentiments accordés au thème de l'héroVsme: "le dévouement aux nobles causes comme la fierté stoVcienne, le goft du coude B coude humain comme l'orgueil de la grandeur solitaire." 2

Dès les annees vingt, et plus encore dans les années trente, l'engagement de la littérature dans cette glorification de l'homme d'action, sous ses diverses espèces, marque un véritable tournant dans le mouvement littéraire du demi-siècle. Les plus grands représentants en sont: Henry de Montherlant, Antoine de Saint-Exupéry et André Malraux.

Le genre prepondérent B l'époque et que Malraux illustre avec éclat, c'est le roman global qui fait converger l'apprentissage politique et historique, l'expérience existentielle et la méditation métaphysique.

Malraux n'est pas d'abord un écrivain, mais un artiste et un homme d'action doublés d'un écrivain. Au vrai, sa période romanesque est courte dans l'ensemble de sa production littéraire: quinze ans (1928-1943). Elle s'intègre logiquement dans la poursuite de sa réflexion sur les moyens dont l'homme dispose pour surmonter les fatalités qui l'agressent. Malraux n'ignore plus que la nouvelle et révolutionnaire notion de culture appelle une nouvelle et révolutionnaire approche de l'homme.